Dernièrement j’ai été interpellé sur un réseau social après une publication dans laquelle je rappelais que lorsqu’on est de gauche (ou du moins on prétend y être) on ne devrait même pas se poser la question le 24 avril entre Macron et Le Pen. On m’a objecté que de toute façon Macron et le Pen c’était la « la peste et le choléra ». Une telle objection venant de personnes appartenant au peuple de gauche m’a d’autant plus interpellée. Car, au-delà de l’incompétence de Le Pen et de son équipe, il y a quand même deux ou trois choses à comprendre à mon humble avis pour ne pas se tromper d’adversaire.

D’abord ne pas aller ou voter blanc c’est finalement bonnet blanc et blanc bonnet et c’est surtout laisser la chaise vide.

Ensuite, il faut quand même appeler un chat un chat (je m’excuse pour les chats, animaux que j’affectionne particulièrement par ailleurs) : le Pen c’est l’extrême droite. Ca me fait un peu bizarre de reprendre les mots de Chirac sur le sujet, moi qui suis de gauche (pas celle qui catégorise les personnes en fonction de leur identité ni celle qui a délaissé les classes populaires bref vous m’aurez compris), mais quand même c’était une autre époque et après tout quand une personne, même de droite (entendons nous : de droite républicaine), dit quelque chose de censée, j’arrive à être d’accord « Ne composez jamais avec le racisme, l’antisémitisme ou l’extrémisme (…) L’extrême droite est un poison, il détruit tout et ce n’est pas la France ».

Hier est sorti un sondage donnant le Pen à 47% et Macron à 53% au second tour. Si on tient compte de la marge d’erreur d’un sondage, l’hypothèse que le Pen soit élue est devenue une réalité.

Il y a quand même une chose qu’il faut avoir en tête pour cette élection, c’est qu’elle est bien différente de 2017 et encore plus différente de celle de 2012. Il y a déjà une évidence, la gauche (ou plutôt les gauches) ne sont pas loin de la Bérézina en totalisant environ 25%. Un carnage. Et en disant cela, je suis plein de mansuétude car je tiens compte des intentions de vote pour Melenchon à propos duquel ont peut se demander si parfois son sextan de corsaire indique encore la gauche….

Non, ce qui est troublant et inquiétant à la fois c’est que le Pen puisse être donnée à 47% à 1 mois du second tour. Juste un rappel, en 2017, elle était donné à 36% (soit 11 points de moins) à la même période. Pas d’inquiétude me direz vous puisqu’elle a finit à 34% ?

Si justement, je pense que nous pouvons être inquiets car, encore une fois, nous sommes 5 ans après. Les choses ont radicalement changées et le paysage politique s’est profondément modifié et il n’a pas finit de se modifier à mon humble avis. Ne l’oublions pas non plus, en 2017, le Pen n’a pas bénéficié pas d’un report de voix d’électeurs de Zemmour, Melenchon ou Pécresse, ce qui sera le cas cette fois ci en revanche.

L’apparition de Zemmour d’abord. Le personnage est tellement décomplexé et outrancier que finalement, même Le Pen passe presque pour la tendance modérée de l’extrême droite voire même pour la droite sociale. C’est le fameux phénomène de dédiabolisation ou de banalisation déjà entamé depuis longue date ne serait ce que lors du changement de nom Front National pour Rassemblement National. Le Pen ne  parle plus que très peu immigration. Elle a laissée le flambeau à Zemmour et sa remigration. Maintenant elle nous parle pouvoir d’achat avec l’aplomb qu’ont les prix Nobels d’économie alors que son programme économique c’est le retours au franc, la fermeture des frontières, la banqueroute pour la France … bref une utopie que même Karl Marx n’aurait osé imaginer.

La très mauvaise campagne de Pécresse ensuite. Rappelons qu’à la sortie du congrès des LR elle était à presque 18% pour rechuter aujourd’hui à 10%. A force de vouloir courir derrière le Pen et Zemmour, elle a trébuché et les électeurs préfèrent toujours l’original à la pale copie. Dommage car quoi qu’on en dise, une bonne partie des électeurs républicains et de leur cadres sont quand même républicains avec une conception libérale de la société et de ce que doit être l’économie certes, mais républicains quand même.

Le Macron bashing permanent organisé par certains médias et la radicalisation d’une partie de la gauche (enfin… gauche.. cela reste à voir..) notamment représentée par la France insoumise et son lider Maximo Jean Luc Mélenchon. Je me pose la question de savoir (enfin je ne me la pose plus en vrai car j’ai depuis longtemps la réponse) si on peut le classer encore à gauche vu certaines positions sur la laïcité ou encore d’autres plus qu’alambiquées en forme de « ni ni » sur l’Ukraine et ne condamnant pas fermement Poutine. D’ailleurs, toujours pour parler de sondages, un sondage indique que 31% des électeurs melenchonistes seraient près à voter Le Pen contre Macron et 41% à s’abstenir au second tour. Même les électeurs de Pécresse sont moins radicaux car seulement 27% d’entre eux seraient prêts à voter le Pen. C’est dire !

Sortons un peu des sondages qui ont parfois démontré par le passé leur faible niveau de fiabilité (quoi que….) et regardons de plus près quelques positions du Rassemblement National à l’assemblée Nationale ainsi qu’au Parlement Européen.

Parceque quand j’écris que l’extrême droite c’est l’extrême droite, c’est qu’en réalité et bien oui, l’extrême droite c’est l’extrême droite.

Certains vont me dire que le Pen n’ayant jamais été en responsabilité, de toute façon on ne sait pas ce qu’elle fera. Ce n’est pas faux, mais faut il pour autant se contenter d’attendre et voir ? D’autres m’objecteront que de toute façon elle sera dans l’impossibilité de gouverner et obligée de faire une cohabitation car le RN n’est jamais fort aux élections législatives. Déjà ça c’est faux puisqu’en 2017, le RN à obtenu 8,75% de voix loin devant le PS (5,68%) par exemple. Et puis, vous imaginez la France ingouvernable pendant 5 ans et ce d’autant plus face aux défis et crises que qui nous attendent ?

Si malgrè cela, vous doutez encore de la nuisance que serait l’élection de le Pen pour la France, prenez au moins connaissance de quelques votes du RN à l’assemblée nationale et au Parlement européen :

Les derniers votes de Marine le Pen à l’assemblée nationale :

Au niveau Européen :

  • Vote pour valider le rapport Moody pour défendre l’égalité femmes-hommes, Marine Le Pen a voté contre sur le premier texte, le 24 novembre 2016, et elle était absente la fois d’après, le 14 mars 2017.
  • Vote pour en faveur du texte sur le secrets d’affaires.

Je pense qu’il n’est pas nécessaire que je commente le programme de Le Pen pour la présidentielle truffé de contre vérités, de propositions totalement surréalistes et inapplicables et de mesures toutes plus anticonstitutionnelles les unes que les autres.

C’est le propre du populisme me direz vous. Remarquez, en l’espèce, entre Zemmour, le Pen et Mélenchon, on ne pourra pas dire qu’en terme de populistes il n’y a pas le choix pour cette élection.

Les abstentionnistes ou les pyromanes ne pourront donc pas dire, le cas échéant au lendemain du 24 avril, qu’ils ne savaient pas et qu’ils n’avaient pas vu venir.

Alors quand certains me répondent qu’au deuxième tour ils ne choisiront pas entre « la peste et le chlorera » (c’est-à-dire entre Macron ou le Pen), pardonnez moi mais je pense (j’en suis persuadé même) que Macron n’a rien à voir du tout avec le Pen. Je peux comprendre que « chat échaudé craint l’eau froide » mais je ne suis pas convaincu qu’une fois le Pen élue les souris danseront. Je suis même parfaitement convaincu du contraire.