Telle une lumière frémissante au bout du tunnel, la vaccination nous guide vers une sortie de crise sanitaire qui bouscule notre quotidien depuis mars 2020. Mais, en cette fin d’année 2021, l’apparition de nouveaux variants et la nécessité d’une troisième dose nous replongent dans une spirale de doute, d’incertitude, d’angoisse et de lassitude.
Est-ce à dire que plus nous avancerons, plus le bout du tunnel s’éloignera et que nous serons éternellement ballotés de variants en vaccins, entre désillusion et espoir ?
La crise covid 19 sera-t-elle in fine un puissant catalyseur pour changer drastiquement notre société, notre façon de percevoir le monde et notre rapport à autrui ? Et si le « monde d’après » devait plutôt se nommer le « monde d’avec » ?
S’il y a un monde d’après, ce n’est pas celui des Merlins enchanteurs de l’été 2020 … Le monde tel que nous le connaissions est en train de disparaître progressivement englouti par la radicalité et les crises sociales, sanitaires, migratoires, climatiques.
Cependant, celui d’après semble tout aussi chaotique, violent et voué à subir de plein fouet des crises cycliques.
Certains d’entre nous pensaient que la crise sanitaire serait paradoxalement une opportunité de faire table rase et de reposer les conditions de nos existences individuelles et en communauté, de repenser notre relation au monde. Alors que c’est ensemble que nous devions venir à bout de cette pandemie, se profile d’ores et déjà une désillusion : l’érosion et le délitement d’un modèle de société qui voulions que nous vivions et réussissions ensemble.
La covid 19 se revèle dangereuse pour nos poumons tout autant que pour notre société, notre modèle de démocratie et notre santé mentale.
Il est bien difficile d’entrevoir les conséquence sur nos comportements qu’aura cette crise car cette réflexion oppose forcément les faits et la nécessaire dialectique scientifique à la dimension subjective individuelle. La crise est gérée dans le court terme avec une maîtrise de l’urgence par le système de santé. Mais quand sera-t-il à long terme dans les mois et les années à venir sur les conséquences psychiques de la pandémie ?
Le point positif est que nous semblons redécouvrir, après une course effrenée à la consommation depuis des décennies, que la santé mentale et sociale est aussi une nécessaire composante de notre rapport avec le monde qui nous environne.
La solidarité a joué son rôle. D’abord celle impulsé par l’Etat français qui a permis à notre économie de tenir tant bien que mal avec certes des échecs inhérents à toute période de crise, mais aussi et surtout des réussites.
A ce sujet, l’esprit de concorde auraient du pousser certains à agir collectivement plutôt que de vouloir avoir raison individuellement et amener certains responsables politiques à faire union au lieu de vouloir tirer électoralement profit de cette crise. La pandémie nous rappelle que nous partagons le même environnement et que nous ne pourrons nous en sortir que si et seulement si nous agissons ensemble dans une seule et même matrice citoyenne.
L’information de la 3ème dose nécessaire amène à penser que la vaccination sera à faire désormais de manière régulière dans les années à venir. Le vaccin ne protège du coronavirus que pendant un temps. Mais ne sommes nous pas déjà soumis à la vaccination obligatoire ?
Aujourd’hui, la France est un des pays d’Europe et du monde où le taux de vaccination est le plus élevé. Nous pourrions en être satisfait, le politique a joué son rôle, le sens civique d’une majorité de la population aussi même s’il reste encore quelques récalcitrants.
La crise Covid semble néanmoins indiquer que la bataille pour la fabrication de vaccins ne sera donc pas conjoncturelle et un simple épisode de notre histoire. La fabrication et la diffusion de vaccins va devenir un des enjeux industriel de demain avec le risque d’accroître encore un peu plus les inégalités entre pays riches et pays pauvres.
Les pays développés auront les moyens de produire sur leur territoire les vaccins et de faire avancer la recherche. Les pays en voie de développement devront au mieux se contenter des surplus de doses, si toutefois la main d’œuvre bon marché n’est pas utilisée pour la fabrication des flacons ou l’assemblage final.
Comment ne pas songer aux pays africains dont les taux de vaccination ne dépasse pas 15 à 20% avec pour certains un taux de moins de 2% ? la crise sanitaire a fortement accentué les inégalités sociales et économiques entre les pays les plus développés et les plus pauvres, mais aussi au sein même des nations les plus riches.

Certaines projections prédisent que la pandémie pourrait faire perdre son emploi à 1 personne sur 2 et replonger d’ici 2030 plus d’1 millard de personne dans l’extrème pauvreté. Les continents les plus touchés étant l’Afrique et l’Asie.
Les pays développés ne sont pour autant pas épargnés. En France, 1 million de personne en plus sont tombés dans la pauvreté en 2020, s’ajoutant aux 9 millions déjà existantes avant crise, et combien de plus encore en 2021 ?. Travailleurs précaires, étudiants, chômeurs, etc. les plus vulnérables sont les plus touchés.
Il ne suffit pas d’aller bien loin d’ailleurs pour démontrer que la crise sanitaire est un facteur aggravant des inégalités et qu’elle touche les plus précaires.
Rappelons le cas de la Seine Saint Denis avec ses taux record de contamination au printemps 2021. En plus d’une forte densité d’habitants, les logements sont souvent insalubres. Les emplois sont souvent ceux de la deuxième ligne (caissiers infirmières, ouvriers, etc.) nécessitant un contact avec la population et de nombreuses transhumances quotidiennes. Ce département est le plus jeune de France, ce qui favorise les contacts humains. Enfin, parce que plus on est précaire, plus on porte son attention sur l’essentiel au quotidien (travailler, manger …) au détriment de la santé.
Non, la Covid ne nous frappe pas toutes et tous de la même manière. Si nous sommes toutes et tous vulnérables, nous ne sommes pas touchés de la même manière.
Alors, certains pourront collectivement nous inventer tout un tas de « mondes d’après » à l’aide de métaphores, de formules à l’emporte pièce dignes de slogans publicitaires et de beaux discours mais, il est une évidence : le premier monde d’après doit être celui de l’égalité. Après avoir érigé l’économie de marché et la consommation en modèle de société, il va nous falloir collectivement ralentir et revenir à un principe qui met l’humain au cœur de la mondialisation.
La crise ne doit pas être une fatalité mais une occasion. « En temps de crise, l’heure n’est pas seulement à l’inquiétude et aux angoisses. La crise est une occasion, une chance de choisir, en bien ou en mal. » Desmond Tutu (archevêque anglican d’Afrique du Sud et Prix Nobel de la paix en 1984).
Voilà qui fait du bien à lire au sortir de la masse d’élucubrateurs et autres complotistes qui vont jusqu’à inventer que cette prétendue crise se ferait au profit exclusif de quelques uns.
Enfin une saine lecture.
J’aimeJ’aime
Merci Pierrot d’avoir pris le temps de lire.
J’aimeJ’aime