Alors même que la concorde et la solidarité nationale s’imposeraient de manière évidente, on ne compte plus les responsables politiques qui, entre colère feinte, critique systématique, instrumentalisation et postures, alimentent sans cesse la défiance des électeurs à l’égard de la politique tout en croyant tirer des bénéfices électoraux à court terme. Nos gouvernants gèrent comme ils peuvent la crise sanitaire pendant que les oppositions gèrent les polémiques.

D’un côté les pompiers sanitaires, de l’autre, les populistes sanitaires. Ainsi s’ouvre malheureusement la période pré électorale sur fond de crise pandémique mondiale.

Le marketing étant devenu pour beaucoup l’alpha et l’oméga de la politique, les médias sont remplis de mauvais acteurs de série B. De leurs côtés, les « Géo trouvetout », bonimenteurs et autres prédicateurs du « monde d’après » – apparus de-ci-de-là tels des bourgeons avec le confinement du printemps 2020 – se font de plus en plus discrets.

Non contents d’alimenter des polémiques, certains responsables politiques colportent sur les plateaux télé des « fake news » aussi grosses que sont leurs responsabilités. Mensonge, instrumentalisation, incompétence ? … Sans doute tout à la fois.

Mais, en tout état de cause, leurs propos et postures écornent encore un peu plus la démocratie et  contribuent encore un peu plus à creuser profondément la défiance des citoyens vis-à-vis de la politique.

Mais, ne nous y trompons pas, la vie politique française n’est pas seulement constituée par, d’un côté, ceux qui nous gouvernent et, de l’autre, les oppositions. Oppositions qui se cantonnent désormais à susciter l’échec en espérant en tirer profits avec pour seule ligne de mire la fabrication de la prochaine polémique. Entre les deux, il y a cette majorité écrasante de françaises et de français, accaparée par la vie quotidienne, est surtout focalisée par les fins de mois qui est finalement de moins en moins intéressée (voire de plus en plus exaspérée) par cette petites phrases, ces postures, ces coups d’éclat médiatiques, ces controverses et polémiques en tout genre.

Travailler, se loger, se nourrir, éduquer leurs enfants…. voilà les préoccupations de cette majorité de français, qui se tient loin du tintamarre ambiant sans pour autant être ni sourde ni aveugle au triste et affligeant spectacle auquel on assiste dans notre démocratie.

La crise sanitaire a accéléré le déclassement des plus fragiles et des plus démunis. La dégradation des revenus est la plus forte chez les ménages aux revenus les plus faibles. Additionné à cette crise économique, le décrochage scolaire est aussi le plus important dans les milieux défavorisés. Aux 9 millions de citoyens dont les revenus étaient déjà sous le seuil de pauvreté, 1 million de plus est venu s’y ajouter. Et combien encore malheureusement dans les prochains mois ?

Les plus exposés, les plus précaires et les plus fragiles sont invariablement ceux qui subissent le plus la crise de plein fouet.

Depuis le début de cette pandémie, l’Etat a su se montrer fidèle à notre modèle social, il n’en demeure pas moins que la complexité des circuits d’élaboration et de décision liés aux financement des dispositifs de protections sociale est une réalité qui a retardé la mise en place effective de notre modèle républicain. 

Le revenu universel semble dés lors pouvoir constituer un pilier complémentaire efficace pour tenir les promesses d’égalité de fraternité de notre devise républicaine. Le caractère automatique du revenu universel peut en effet constituer un filet automatique de protection permettant d’éviter une chute brutale des revenus et son universalité permettrait de protéger tout les catégories de populations (étudiant, professions libérales, intermittents du spectacles, etc.).

Modes de financement, public concerné etc. sont autant d’aspects et de modalités à discuter mais le sujet mérite d’être mis sur la table.

La crise sanitaire et ses périodes de confinement a aussi profondément modifié pour bon nombre de salariés ou d’entrepreneurs le rapport au travail. D’un management fondé sur la commande et le contrôle, par la force des choses, dans beaucoup de secteurs nous sommes passés à un management fondé sur l’autonomisation et la confiance par le biais du télétravail.

Bien évidement, pour des raisons personnelles ou liées à leur activité, le télétravail n’est pas LA solution miracle pour tous les actifs. Mais en même temps, beaucoup de salariés y ont vu un bénéfice pour leur qualité de vie au quotidien ne serait ce notamment par la diminution des temps de transports. Le nombre « idéal » de journées télétravaillées a augmenté de 1 journée avant le confinement à 2 jours selon un récent sondage. La notion Travail ne doit donc plus être considérée comme un débat d’experts à renfort de tableaux incompréhensibles ou une question idéologique ou une question ramenée sans cesse à sa durée.

Les évolutions de ces quarante dernières années (diminution du temps de travail hebdomadaire, allongement de la durée de cotisation, augmentation de la durée de vie, télétravail, mutation des secteurs d’activités etc.) démontrent que le travail est avant tout une question sociétale qui mériterait une nouvelle vision prenant notamment en compte un équilibre entre vie privée et vie profesionnelle. 

L’heure n’est donc pas aux propositions idéologiques teintées de souverainisme, ni aux propositions toutes plus chimériques et disruptives les unes que les autres, ni aux pantalonnades des indignés permanents.

En ces temps de tempête sanitaire, sociale et économique, l’heure est plus que jamais à la construction de propositions qui intègrent les réalités de notre société actuelle, qui répondent aux besoins de millions de nos concitoyens et qui soient capables de retrouver un cap collectif à notre modèle social, démocratique et républicain.