Quand vous parlez politique avec certaines personnes, il arrive toujours ce moment où vous êtes rangés dans deux cases, deux seulement …. Celle de gauche ou celle de droite. Comme si le monde et sa complexité était aussi compréhensibles et faciles à résumer qu’une histoire de « Oui Oui et les lapins roses ».

Alors oui c’est certain, historiquement et idéologiquement, la gauche et la droite ce n’est pas pareil.

Historiquement, les membres de l’assemblée Nationale les plus libéraux et radicaux se trouvaient assis dans la partie gauche de l’hémicycle et les membres les plus conservateurs dans la partie droite.

Idéologiquement, c’est un peu plus complexe car finalement si on utilise les conventions idéologiques du spectre politique, on finit par échouer à définir les alternatives en question.

A droite, on pense que le rôle de l’Etat est de laisser aux citoyens la liberté d’entreprendre. A gauche, l’Etat est perçu comme un régulateur pour réduire l’écart entre riches et pauvres (protection sociale notamment). Au final, la droite est plus axée sur la liberté et la gauche sur l’égalité.

Mais n’oublions pas que le clivage gauche droite est avant tout une question de point de vue et de relativisme. Car augmenter la liberté des uns peut conduire à créer des inégalités mais à l’inverse, augmenter l’égalité c’est réduire la liberté de certains.

Pas simple cette affaire.

Autre différence, la gauche est pour le progrès, la droite plutôt pour le conservatisme.

Pour le dire différemment, la droite pense que la somme des individualité est la condition pour améliorer la société alors que la gauche pense que c’est à a société d’améliorer les individus. C’est-à-dire que la réussite collective précède à la réussite individuelle.

A contrario, la Droite pense que c’est l’initiative collective qui est le moteur de transformation de la société. De facto, la réussite, l’appât du gain, l’innovation ou la création d’entreprise ne sont pas considéré comme des marqueurs négatifs car ils sont la source de la création d’emplois, de la valeur ajoutée et donc finalement du progrès.

Mais force est de constater que depuis la fin des 30 glorieuses, cette logique ne fonctionne pas forcément au mieux puisqu’on constate que les ultra riches sont toujours de plus en plus riches et que les richesses sont concentrées dans les mains de quelques uns pendant que d’un autre côté la pauvreté augmente.

La gauche propose peu ou prou la vision inversée. Elle considère que n’étant pas tous armés de la même manière dés le départ, son action doit gommer ces inégalités par l’action sur des sujets régaliens (éducation, logements, protection sociale etc.) avant par ailleurs un encadrement de l’économie de la société.

Cette logique basée sur la force du collectif atteint elle aussi ses limites car elle se fonde sur un postulat très discutable, car peu constaté, qui est celui d’une humanité vertueuse dotée de sentiments vertueux.

On voit donc bien que l’une ou l’autre des visions politiques peut se révéler pertinente mais aussi atteindre rapidement ses limites lorsqu’elle est poussée à son paroxisme.

D’ailleurs, l’histoire nous montre bien que la droite et la gauche ont fait chacune progresser notre société. La Gauche c’est par exemple la séparation d l’Eglise et de l’Etat (1905), l’abolition de la peine de mort (1981), la dépénalisation de l’homosexualité (1981) etc.. La Droite c’est le droit de vote accordé aux femmes (1944), la dépénalisation de la contraception (1697) la loi sur l’IVG (1975) etc.

Il faut donc éviter les postures et caricatures et se poser la question de l’intérêt général. Peut être même être assez audacieux pour considérer que selon le sujets une « décision de droite » ou une « décision de gauche » n’est plus une grille de lecture adaptée, mais surtout, ne pas raisonner en amont selon cette ambivalence et replacer toujours l’intérêt général comme boussole et référentiel.

Pour ma part, je dois dire que je suis parfois assez agacé de lire ou d’entendre des discours creux d’une partie des gens de gauche qui s’autodélivrent des brevets de gauche et dés lors, adoptent des postures ou des attitudes frôlant le sectarisme pour continuer à préserver leur petite autorité morale.

Parfois, c’en est tellement ridicule comme la dernière sortie du candidat écologiste aux élections présidentielle qui affirme dernièrement sur une radio nationale « Il n’y a que l’extrême droite qui soutient le nucléaire » que ce genre de déclaration ne fait que décrédibiliser la cause.

Car en réalité si la gauche traditionnelle est au plus bas dans les intentions de vote depuis plusieurs élections (environ 25/27% en 2022 et 2017 pour presque 40% en 2012 à la même période) c’est notamment parce qu’elle ne parle plus qu’à un petit nombre, retranchée derrière ses positions frôlant parfois le sectarisme et au mieux la déconnexion totale au monde actuel.

Vous me direz, la droite n’est actuellement pas en meilleur état actuellement, obligée de parfois radicaliser certaines de ses positions pour ne pas se laisser engloutir par l’extrême droite.

Après tout cela, vous me demanderez (peut être) c’est quoi être de gauche finalement en 2022 ?

Mon avis est évidement très personnel et n’engage que moi.

Etre de gauche c’est sans doute déjà considérer que l’idée du progrès n’est jamais acquise, mais que ce dernier doit néanmoins bénéficier à toute et tous dans la matrice républicaine et notamment une logique d’égalité qui constitue une des fondations de notre pacte républicain.

Le résultat n’est certes jamais acquis, mais les efforts pour y converger doivent allier pragmatisme et idéal en évitant l’écueil de la contestation permanente et tout en veillant à concilier liberté et égalité.

Vous me direz, une fois que j’ai dis ça, on fait comment ? C’est une question hyper complexe dont moi seul ne détiens la solution miracle mais, ce qui est certains que c’est « la gauche » que nous avons connue hier ne sera pas celle de demain ne serait ce qu’à cause de son incapacité à gouverner et à incarner.

Petite digression montreuilloise

Mes (centaines de milliers de) lecteurs les plus fidèles l’auront sans doute remarqué, mais je ne me suis jamais exprimé directement sur la politique locale dans mon blog.

Ce qui ne m’empêche pas bien évidement d’avoir un avis puisque j’ai des yeux pour voir. Celles et ceux qui me connaissent le savent. Mais puisque je parle de gauche et de droite, Montreuil (municipalité représentant la quintessence de la gauche unie comme vous le savez ….), me semble être un bon laboratoire d’observation et de réflexion sur le sujet.

L’année dernière la municipalité de Montreuil a décidé d’appliquer le dispositif proposé par le gouvernement des « vacances apprenante »s en 2021, mais uniquement dans certaines écoles de la ville et non dans l’entièreté des établissements scolaires de la Ville situés en QPV comme le permettait le dispositif. De même aucune utilisation du dispositif « Colo apprenante » ceci alors même que l’Etat peut prendre en charge 80% du coût moyen du séjour.

Beaucoup d’école rencontrent des difficultés du fait du nombre insuffisant d’ATSEM recrutées par la Ville. La municipalité préfère bien évidement communiquer sur les problèmes de recrutement dans les collèges (problèmes sans aucun doute existants) afin de cacher la forêt derrière l’arbre et encore une fois mettre tous les maux de Montreuil sur le dos du gouvernement.

La tarification utilisée par la ville pour les services municipaux en tient pas compte de la composition des familles. Ainsi, une famille monoparentale est soumis au même tarif qu’un couple.

Alors que la tranquillité publique (à droite on utiliserait le terme sécurité …) est une des conditions du vivre ensemble et finalement un élément de liberté, on comprend dans le Débat d’Orientation Budgétaire 2022 que le recrutement de policiers municipaux ne semblent plus être une priorité alors même que l’incivilité est en hausse.

Il y a sans doute plein d’autres exemples qui me frappent au quotidien tant un gouffre sépare d’un côté les discours affichés (ripolinés de gauche et recouverts d’un vernis d’écologie) et et de l’autre la réalité quotidienne.

Pour le dire en un mot, beaucoup de mesures seraient à prendre non pas que parce qu’elles font appel à un imaginaire de gauche, mais vraiment parce qu’elles sont d’abord utiles pour les plus fragiles et pour l’intérêt général des citoyens.

Finalement, l’essentiel n’est pas de se décerner des brevets d’autosatisfaction de gauche ou de droite mais bien de savoir conserver ses valeurs et donner un sens à son action.